Loin de la ville et des curieux, les résidences secondaires haut de gamme accueillent à la fois les acheteurs les plus fortunés et les locataires qui osent se payer un petit luxe, le temps d'un week-end.

DES « CHALETS » DE RÊVE CONSTRUITS SUR MESURE

Lorsque l'on magasine pour une résidence secondaire ou un chalet haut de gamme, le bord de l'eau, les pentes de ski et la quiétude sont parmi les critères les plus recherchés. Les acheteurs sont pour la plupart québécois et se procurent ces havres de paix pour s'évader de la ville.

Qu'est-ce que le haut de gamme ? Pour Anne Turcotte, courtière immobilière chez Engel & Völkers, le haut de gamme se définit par une résidence dont le prix est supérieur à 1 million. « Pour la grande région de Québec, on voit même apparaître des résidences secondaires de 2, 3 ou même 4 millions », dit-elle.

Il s'agit de maisons dont la superficie peut atteindre 6000 pi2, avec plusieurs chambres, plusieurs garages, des équipements technologiques sophistiqués, des salles de cinéma maison, au moins une piscine creusée, une cuisine très raffinée, etc.

« On recherche l'aspect chalet, hauts plafonds, boiseries. On commence à voir des propriétés beaucoup plus épurées, très contemporaines, à toit plat, ajoute Louis-Charles Ménard, courtier immobilier agréé chez RE/MAX Laurentides. Les gens veulent se retrouver dans la nature, mais avec des murs de fenêtre. C'est la tendance en ce moment. »

Piscine à débordement qui fonctionne toute l'année, garage avec rampe d'élévation pour augmenter la capacité de stationnement, cuisine digne d'un grand restaurant, cellier assez grand pour y tenir des réceptions et des dégustations, un ascenseur, une entrée véhiculaire chauffante, il n'y a tout simplement pas de limites dans le marché de la résidence secondaire haut de gamme.

Mais tout ça fait aussi augmenter les coûts d'entretien. « Des résidences comme celle-là peuvent coûter entre 50 000 et 100 000 $ annuellement, juste en employés, assure Anne Turcotte. Souvent en couple, ce sont des gens qui vivent sur place, dans une maison à part, et qui s'occupent de l'entretien intérieur et extérieur. »

PLUS D'OFFRES QUE DE DEMANDES

Les gens qui se permettent de telles résidences secondaires ne pensent pas à la revente et les acheteurs se font rares.

« Ils construisent ou aménagent de telles résidences parce qu'ils en ont envie. Ils ont largement les moyens. À la revente, ce sont des maisons qui peuvent rester longtemps sur le marché. L'acheteur est aussi unique que la maison peut l'être. »

— Anne Turcotte, courtière immobilière chez Engel & Völkers

Et les intéressés ont du choix, comme le souligne M. Ménard. « Il y a un bon inventaire pour ce segment du marché, précise-t-il. Les coûts de construction sont tellement élevés que les gens vont préférer acheter et rénover plutôt que construire. Combien de fois a-t-on vu des constructions neuves dans le haut de gamme que l'on n'arrivait pas à revendre au prix coûtant. Il y a de bonnes occasions à faire pour les acheteurs sérieux qui font de bonnes démarches de recherche et d'analyse. »

LES ÉTRANGERS SE FONT DISCRETS

Les gens qui peuvent se permettre une deuxième résidence dont la valeur frôle ou dépasse le million de dollars ont la capacité de mettre une mise de fonds substantielle. Et pour la plupart, ils sont québécois.

« Nous avons des acheteurs étrangers, mais pas autant qu'on pourrait le croire, explique Patrick Juanéda, de l'agence Via Capitale Rive-Nord. À la suite de l'entrée en vigueur de certaines règles ailleurs au pays pour empêcher les étrangers de venir faire de la spéculation, on se demandait si cela allait avoir un impact ici, mais nous n'avons pas remarqué d'augmentation. »

Toutefois, du côté de Engel & Völkers, on remarque une tendance à la hausse auprès de la clientèle asiatique pour la région de Québec. Anne Turcotte estime qu'il y a eu trois fois plus de ventes à des acheteurs chinois en 2017, comparativement à 2016. « Ils sont de gros joueurs sur le marché. Ils s'installent d'abord à Montréal, puis ils cherchent une résidence secondaire près d'un lac à une distance raisonnable de la ville. Ils ne sont pas encore très familiers avec le secteur de Québec, mais ça se développe », affirme-t-elle.

De leur côté, les Européens qui tombent amoureux du Québec n'hésitent pas à acheter non plus. « Ils investissent beaucoup : de gros chalets complètement en nature, vers Portneuf, par exemple. Tout est fait en fonction des loisirs de plein air et de villégiature, poursuit Anne Turcotte. Ils vont privilégier la nature, la tranquillité, la rusticité, le côté sauvage. Il s'agit souvent de secteurs très isolés et intimes, fermés par des barrières, comme des clubs privés. »

ACHETER EN LIGNE

Les propriétés mises en vente par les courtiers de Engel & Völkers sont affichées sur près de 180 sites web partout dans le monde. Pour Anne Turcotte, les transactions numériques outre-mer pour une résidence secondaire n'ont plus rien d'exceptionnel. « Les acheteurs commencent d'abord par prendre rendez-vous avec nous, souvent dans le cadre de vacances, explique-t-elle. Nous les prenons complètement en charge. De l'aéroport à l'hôtel, on les emmène, on leur fait découvrir les bonnes adresses, les bons restos, ils visitent les propriétés et comparent les produits. » De retour à la maison, les acheteurs potentiels ont tout en main pour prendre une décision et la suite se fait à distance.

CINQ RÉSIDENCES SECONDAIRES À COUPER LE SOUFFLE

Envie de rêver un peu ? Voici cinq résidences luxueuses susceptibles d'intéresser des gens fortunés à la recherche d'un havre de paix en retrait de la ville.

Sainte-Pétronille, Québec

1 395 000 $

5 chambres, 2 salles de bains, superficie habitable de 3092 pi2, terrain de 1,22 acre

De construction récente, avec vue sur le fleuve en bord de falaise, foyer, verrière, garage double excavé avec passage souterrain, rien n'a été laissé au hasard pour cette propriété de Sainte-Pétronille, non loin de Québec.

Estérel, Laurentides

3 995 000 $

4 chambres, 4 salles de bains, superficie habitable de 4156 pi2, terrain de 2,42 acres

Située sur la falaise avec vue sur le lac Masson, cette maison a été réalisée par l'architecte Roger D'Astous en 1960. En plus de la piscine à débordement et des deux quais, il y a une rampe pour un hydravion et une possibilité d'héliport.

Saint-Adolphe-d'Howard, Laurentides

2 495 000 $

5 chambres, 5 salles de bains, superficie habitable de 6000 pi2, terrain de 3,5 acres

Située sur une presqu'île, cette résidence compte cinq garages, trois foyers, une cave à vin et un sauna finlandais. En plus d'un quai, elle profite d'un aménagement paysager professionnel. Elle a été conçue par l'architecte Pierre Davidson.

LOCATION HAUT DE GAMME

Ce n'est certainement pas donné à tout le monde de se permettre une résidence secondaire dont la valeur oscille autour du million de dollars. Cependant, pourquoi ne pas se payer une petite fantaisie le temps d'un week-end ou encore pour toute une saison ?

Pour une expérience nature, en montagne ou en bordure d'un lac, le nombre de résidences cinq étoiles offertes en location donne l'embarras du choix. Commodités de qualité, emplacement exceptionnel, service personnalisé, majordome sur place, bouteille de vin à l'arrivée, tout est mis en place pour épater la galerie.

Philippe Hamel est fondateur de Monsieur Chalets, une firme de location active principalement dans la région de Charlevoix et qui gère la location de luxueuses résidences secondaires.

« Notre clientèle vient principalement d'ici, des couples, des familles, des groupes, qui paient jusqu'à 2000 $ pour un week-end de villégiature. »

— Philippe Hamel

« Ça reste tout de même abordable pour un chalet de plusieurs chambres loué en groupe, en comparaison d'un séjour à l'hôtel », estime M. Hamel.

Ces prestigieuses résidences, pour la plupart de construction récente et au design très contemporain, appartiennent surtout à des propriétaires québécois ayant confié le mandat à Monsieur Chalets d'assurer le bon déroulement des locations à court terme. M. Hamel estime qu'environ 15 % des propriétaires vivent à l'extérieur du pays.

LOUER À LA SAISON

Thomas Asselin, président de RSVP Chalets, un site de réservation de chalets en ligne, note que moins de 15 % des résidences offertes sont en location à la saison. « Ça va en diminuant. Ça demande plus de travail de louer à court terme, mais c'est plus intéressant financièrement. Puis, les propriétaires qui font de la location saisonnière affichent rarement sur des sites de location, puisque ce sont souvent des locations qui se font de bouche à oreille et où les locataires reviennent année après année. »

Tony Brien est propriétaire d'un grand chalet suisse au pied du mont Sutton. Il le loue depuis 2011. « Je loue très peu à la saison. Comme le chalet est accrédité par la Corporation de l'industrie touristique du Québec, cela me permet de le louer pour des périodes de moins de 31 jours. C'est donc surtout pour des vacanciers de semaine et de week-end. Ça génère plus de revenus pour de courtes périodes qu'à la saison », admet M. Brien.

Les chalets luxueux ou de grandes superficies et qui sont proches d'un attrait majeur tel un lac ou une station de ski sont plus abordables lorsqu'ils sont loués sur de courtes périodes qu'à la saison complète. Autrement, il n'est pas rare de voir des chalets haut de gamme affichant des tarifs de location qui atteignent 20 000 $ par saison.